Charles Robert Darwin (1809-1882)

 

    En 1859, à Londres, une publication faite à la hâte révolutionne la pensée biologique : l'Origine des espèces. Pour la première fois, est clairement affirmée l'ascendance animale de l'homme, ce qui ne va pas sans soulever des protestations dans la bonne société anglaise.
    Si certains savants élaborent des théories sans quitter leur cabinet de travail, ce ne fut pas le cas de Darwin. L'essentiel de ses thèses repose sur les observations recueillies au cours de son voyage à bord du navire océanographique, le Beagle, entre 1831 et 1836 : un périple de 57 mois.
    Son auteur, Charles Darwin, résume là les conclusions qu'il a tirées, en vingt-cinq ans, d'une réflexion sur l'évolution des formes vivantes à travers le temps. A la base de cette réflexion, un extraordinaire voyage de 57 mois à travers le monde à bord du Beagle, navire effectuant des relevés cartographiques. Au large de l'Amérique du Sud, Darwin note combien il a été frappé de découvrir "dans les couches de la pampa, de grands animaux fossiles recouverts d'une armure semblable à celle des tatous actuels, puis par l'ordre selon lequel des animaux se substituent à des espèces presque semblables, à mesure qu'on avance vers le sud du continent, et, plus spécialement, par les légères différences que présentent de mêmes espèces dans les Galápagos, selon l'île qu'elles habitent".
    Que les espèces comportent des variations de formes et, finalement, évoluent, était, à l'époque, chose admise, et Lamarck notait déjà que les changements du milieu modifient les besoins et les actions des êtres vivants : l'usage ou le non-usage de certains organes développent ou réduisent ceux-ci, ces modifications de forme étant transmises par hérédité. Pour Lamarck, les variations des espèces sont le fait d'une adaptation mécanique - dont on sait aujourd'hui qu'elle n'est pas transmissible par hérédité.
    Le point de vue de Darwin est sensiblement différent : à chaque génération, de nombreuses variations accidentelles peuvent se révéler. Mais l'organisme n'est pas isolé : il est dans un ensemble de vivants qui peuvent constituer nourriture et menace, proie ou prédateur. Ont seuls chance de survivre ceux auxquels une variation accidentelle donne une supériorité. Survie du plus apte, "struggle for life", l'idée étonne par sa simplicité.
    Darwin ne s'explique pas outre mesure sur les mécanismes de la variation : son époque ne connaît pas encore les travaux de Mendel sur la génétique et ignore le processus des mutations, qui confirmeront son point de vue. Mais l'idée est établie que les espèces évoluent, et, surtout, qu'un fil conducteur permet de relier les formes vivantes aux formes disparues : la genèse des vivants devient accessible à l'analyse scientifique. Dans la lignée de l'économiste Malthus qui soulignait le faible essor des ressources par rapport à l'accroissement des populations, Darwin ouvrait aussi la voie aux disciplines biologiques du XXe siècle : l'écologie et la génétique des populations.
    Darwin poursuivit ses recherches sur la zootechnie et l'agronomie, puis revint à l'évolution de l'homme, avec l'Origine de l'homme et le choix par rapport au sexe (1871). A part sont Expression des émotions chez l'homme et chez les animaux, ses derniers ouvrages furent consacrés au monde végétal et à la botanique.


Dernière Modification   22/04/21

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