Yougoslavie

 

Superficie : 205 804 km²
Population : 20 550 000 habitants
Capitale : Belgrade (800 000 habitants)
Langue : serbo-croate
Religion : orthodoxe
Régime politique : république socialiste fédérative
Unité monétaire : le dinar.

    Située au nord-ouest de la péninsule des Balkans, allongée le long de la mer Adriatique, la Yougoslavie constitue une république socialiste fédérative composée de six républiques - Bosnie-Herzégovine, Croatie, Monténégro, Macédoine, Slovénie, Serbie - et de deux territoires autonomes (Vojvodine et Kosmet).
    L'originalité de la Yougoslavie réside dans sa diversité : diversité naturelle du territoire formé de régions individualisées; diversité des peuples qui l'habitent et qui, tout en affirmant leur volonté de vivre ensemble, préservent leur identité nationale.
    Belgrade, capitale de la Yougoslavie, surplombe le cours majestueux du Danube. Onze fois détruite, rafistolée par morceaux, cette ville au modernisme impersonnel, a été le témoin constant de l'histoire serbe.
    Le régime politique, économique et social, s'il fut d'abord inspiré du modèle soviétique, a pris une figure originale, et se distingue de l'ensemble des autres pays socialistes.
    La variété des paysages yougoslaves est liée à l'organisation générale du relief. A l'ouest, du nord au sud, une barrière montagneuse formée des Alpes juliennes et des Karawanken (point culminant : le mont Triglav, 2 863 m). Ces massifs calcaires, modelés par les glaciers, sont couverts d'une végétation dense de résineux. Les monts dinariques ensuite, s'étendent de Trieste à la frontière albanaise et se distinguent par leurs formes de reliefs dites karstiques (grottes, résurgences, dolines, champs de lapiés...). Tandis que le nord de ces chaînes bénéficie d'un climat froid et humide qui favorise une végétation forestière verdoyante, le sud connaît la sécheresse, particulièrement dans les montagnes pelées du Monténégro.
    A ces montagnes de l'ouest s'opposent les grandes plaines de l'est : horizons infinis et monotones drainés par le Danube et la Save, vastes terroirs agricoles entourant de gros bourgs et des villes-marchés, toutes ces régions sont caractérisées par un climat continental aux hivers froids et secs, aux étés chauds et orageux.
    Comme bien des pays d'Europe centrale, la Yougoslavie conserve un folklore riche et vivace où la danse joue un rôle prépondérant.
    Serrées de près par la mer, les montagnes occidentales dominent une côte escarpée, très découpée, bordée par un archipel qui compte près d'un millier d'îles.
    Ces grands ensembles géographiques recouvrent en fait une réalité régionale très contrastée, qui va de pair avec une grande diversité ethnique. La population (20 550 000 habitants), en majorité slave, groupe des Serbes, des Croates, des Slovènes, des Macédoniens, des Monténégrins, mais aussi des Albanais, des Hongrois, des Turcs, des Roumains, des Italiens... Véritable mosaïque, ces peuples ont connu jusqu'à une date récente des destins différents et ont conservé des coutumes, une religion, une langue, des modes de vie particuliers. Ces contrastes, cette variété, sont le témoignage vivant du passé.
    A l'origine terre des peuples illyriens (Pannoniens, Dalmates, Thraces, Daces), occupée par les Grecs puis colonisée par les Romains, la Yougoslavie est pénétrée par les Slaves à partir du IVe siècle ap. J.-C. D'abord minoritaires, les Slaves se regroupent et, dès le XIe siècle, apparaissent des principautés serbes. Mais la vague turque déferle : la Serbie, la Bosnie, le Monténégro sont occupés, tandis que le littoral et les îles passent sous la domination vénitienne.
    Profitant des rivalités qui opposent la puissance ottomane aux Habsbourg, et grâce au soutien de la Russie qui se veut l'incarnation de la cause slave, les peuples yougoslaves affirment leur individualité et entament la résistance autour de la Serbie. Influencée par les idées révolutionnaires venues de France, cette région se soulève en 1804. Après de durs combats, elle obtient son indépendance (1830) qu'elle préserve malgré les pressions ottomanes et austro-hongroises. Suivant son exemple, les autres peuples s'insurgent et, en 1918, est créé le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes qui prend le nom de "Yougoslavie" (terre des Slaves du Sud) en 1929.
    Lors de la Seconde Guerre Mondiale, le pays est dépecé par l'Italie, la Hongrie, la Bulgarie et l'Allemagne. Ces circonstances donnent aux Yougoslaves une nouvelle occasion d'affirmer leur volonté d'unité et d'indépendance. La résistance s'organise autour d'un leader communiste, Josip Broz dit Tito, qui crée en 1943 un Conseil antifasciste de libération nationale. Libération effectuée par ses partisans en octobre 1944.
    Un an plus tard, le Front populaire obtient 90% des voix aux élections. Un Etat fédéral multinational, avec un régime de démocratie populaire, est fondé. D'abord étroitement liée à la Russie soviétique, la Yougoslavie est rejetée du camp socialiste en 1948 pour cause de "déviationnisme" : elle ne suit pas les principes soviétiques dans le développement économique et social. Partiellement isolée des pays de l'Est, multipliant ses relations avec le monde capitaliste occidental, la Yougoslavie tente une expérience originale de non-engagement à l'égard des blocs, ce qui ne va pas sans difficultés.
    L'économie yougoslave a subi ces dernières années les vicissitudes de la politique : juste après la guerre, ce ne furent que planification rigoureuse, nationalisation des industries, réforme agraire, le tout en étroite collaboration avec l'U.R.S.S. Après 1948, la collectivisation de l'agriculture est arrêtée, les responsabilités sont décentralisées, et l'on procède à la régionalisation des industries. Depuis 1965, s'introduisent des critères de rentabilité, des notions de concurrence et de profit, tandis que les échanges se développent avec les pays occidentaux.
    Mostar, capitale de l'Herzégovine, est une véritable miniature orientale, ses minarets en forme d'aiguille, ses toits en ardoise rose, ses ruelles, étroites et pittoresques témoignent de la longue occupation turque, tout comme ce pont, au-dessus de la Neretva, vieux de 400 ans, qui a donné son nom à la ville : Most Stari signifie, en serbe, vieux pont.
    La production agricole a doublé entre 1939 et 1966. 85% des terres labourables et 90% du bétail (22 millions de têtes au total) appartiennent à des entreprises privées; le reste relève du secteur socialiste (coopératives paysannes, fermes d'Etat). Les riches plaines orientales, la Slovénie, la Croatie où l'on cultive des céréales, des légumes, des fruits et des plantes industrielles (coton, tabac, betteraves) contrastent avec les régions montagneuses déshéritées, vouées à l'élevage extensif des moutons.
    C'est sur l'augmentation de la production industrielle qu'ont surtout porté les efforts : celle-ci est dix fois supérieure à ce qu'elle était en 1939. La Yougoslavie produit aujourd'hui 28 millions de tonnes de charbon, près de 3 millions de tonnes d'acier. Les nationalisations ont accru l'extraction minière (fer, antimoine, chrome, cuivre, plomb, molybdène, bauxite, zinc), la production d'énergie (bassin houiller de Kosovo, mines de Bosnie, gaz et pétrole de Slavonie et du Banat, hydroélectricité dans les Alpes et les monts dinariques), et les industries de transformation. Si les petits centres industriels sont très dispersés, les grands foyers se situent autour des villes comme Zagreb, Belgrade, Ljubljana, Maribor et Sarajevo.
    Le développement économique a été favorisé par l'amélioration du réseau de communication, facilitant les échanges commerciaux et l'essor du grand tourisme international.