Argent

 

    Avoir de l'argent a toujours signifié être riche. Depuis l'Antiquité, ce métal rare, frappé en pièces, a servi de moyen d'échange. Et dans l'Egypte de la première dynastie (3500 av. J.-C.), à l'or déjà connu depuis longtemps, on préférait ce métal blanc et inaltérable qui atteignait le cours le plus élevé. On l'obtenait en mélangeant le minerai broyé à du mercure, en un amalgame que l'on distillait, ou en chauffant les minerais de plomb argentifère, lors de la curieuse opération de coupellation : l'alliage de plomb et d'argent est chauffé à haute température jusqu'à ce que tout le plomb soit oxydé. C'est alors le phénomène de l'éclair : la couche brillante d'argent fondu apparaît, lumineuse, sous la couche noire d'oxyde de plomb.
    L'argent à l'état natif se présente sous forme de masses arborescentes ou de fils plus ou moins enchevêtrés.
    Aujourd'hui, l'argent a changé de destination et d'usage, et c'est une faible part de la production qui reste utilisée par l'orfèvre, le bijoutier ou le fabricant de glaces. L'industrie photographique est relayée par les techniques aérospatiales dans la consommation des 9 000 tonnes d'argent annuellement produites dans le monde.
    L'argent est le meilleur conducteur de la chaleur et de l'électricité; il est très ductile et malléable : on peut le réduire en fils fins ou en feuilles très minces. On augmente sa ténacité (résistance à la traction) en l'alliant à du cuivre.
    Il se présente rarement à l'état pur. Son minerai le plus important se présente sous forme de sulfure. Mais, actuellement, la plus grande quantité de l'argent produit vient de l'industrie du plomb et du cuivre où il apparaît comme sous-produit.
    Inaltérable dans les conditions habituelles, il peut s'oxyder vers 300°C. L'argenterie laissée à l'air ternit lentement au cours du temps. Cela est dû non pas à la présence d'oxygène, mais à celle de l'hydrogène sulfuré dont on rencontre toujours des traces dans l'atmosphère des villes.
    Les bases comme la soude, les acides chlorhydrique ou acétique n'attaquent pas l'argent. Mais certains acides sont de puissants oxydants et, de ce fait, réagissent sur l'argent qui peut se dissoudre à leur contact : tel est le cas de l'acide sulfurique ou de l'acide nitrique. L'action de ce dernier permet de préparer du nitrate d'argent qui est au point de départ de la fabrication d'autres sels d'argent pour l'industrie.
    Un sel particulier, le bromure d'argent, est incorporé à la gélatine des films photographiques. Lorsque la lumière arrive en un point du film photographique, le bromure, à la suite de réactions complexes, libère l'argent. Au moment du développement, chaque petit grain d'argent ainsi libéré laissera une trace noire, lorsqu'on aura éliminé l'excès de bromure par une solution convenable. On parvient ainsi au négatif, où les blancs et les noirs sont inversés.


Dernière Modification   31/12/16

© Histoire de France 1996