Faisans
La ville antique de Phasis, sur les côtes
de la Colchide, a donné son nom au faisan. En effet, selon la légende, les
Argonautes partis à la recherche de la Toison d'or, trouvèrent là ces
splendides oiseaux, dont ils ramenèrent quelques exemplaires dans leur patrie;
ainsi aurait commencé la diffusion du faisan en Europe. L'espèce s'adapta
rapidement à l'élevage domestique. Hérodote décrit une espèce différente
de celle du faisan de Colchide, ou faisan commun lorsqu'il parle d'un oiseau
d'une beauté incomparable : il s'agit vraisemblablement du faisan doré (Chrusolophus
pictus).
Exemple spectaculaire de dimorphisme animal : le faisan
mâle se pare des plus joyeux coloris, tandis que la femelle se contente d'un
plumage plus terne qui la rend moins visible et lui facilite la surveillance de
sa couvée.
Contrairement aux autres gallinacés, le faisan est dépourvu
de crête ainsi que de lobes charnus sous les mandibules. Les ailes, courtes par
rapport au reste du corps, ne lui permettent qu'un vol pesant et peu élevé. Le
dimorphisme sexuel est très marqué, et les mâles sont très batailleurs au
moment des amours. Les petits se déplacent par leurs propres moyens presque
aussitôt après leur sortie de l'œuf.
Le faisan commun, aujourd'hui répandu dans toute l'Europe et
pratiquement dans le monde entier, se reconnaît à son splendide plumage. Chez
le mâle, le vert foncé de la tête est rehaussé par le rouge des caroncules
autour des yeux; deux petites touffes courtes ou "oreillettes"
s'échappent sur les côtés de la tête; le reste des plumes, aux couleurs
très variables, comporte généralement un collier blanc; la poitrine est
cuivrée, le dos brun foncé avec des stries plus claires, l'abdomen vert
foncé. La longue queue, brun doré, porte des barres transversales noirâtres.
La livrée de la femelle ne présente pas la même bigarrure. Lorsque celle-ci
cesse de pondre, son plumage retrouve cependant un peu de brillant : on
l'appelle alors faisan coquard. Le mâle mesure environ 80 cm de long, la
femelle, plus petite, dépasse rarement 60 cm. La queue représente la moitié
de la taille de ces oiseaux.
La chair du faisan commun, appelé aussi faisan de chasse, a
toujours été très appréciée. Dès l'origine, on en a constitué des
réserves; on l'élève aujourd'hui à grande échelle pour repeupler les
chasses.
La femelle construit seule son nid, d'apparence grossière.
Elle y pond une douzaine d'œufs, qu'elle couve pendant trois semaines environ.
Le faisan est polygame. Par ailleurs, il est omnivore : graines, fruits mûrs,
végétaux, diverses larves, vermisseaux, petits reptiles et même petits
mammifères; il lui arrive de s'attaquer aux oisillons d'autres espèces.
Parmi les espèces de faisans indigènes de pays situés hors
de l'Europe, on peut citer le faisan argenté (Gennaeus nycthemerus),
blanc, finement strié de noir sur le dos et la queue, et dont la tête et le
ventre sont foncés. Le faisan d'Edwards (Gennaeus edwardsi) dans les
tons de vert et de bleu métalliques, possède une touffe blanche sur la tête.
Le faisan impérial (Gennaeus imperialis) ne diffère guère de l'espèce
précédente, mais sa touffe est noir bleuté. Le plus beau de tous est
cependant le faisan doré : cet oiseau exceptionnel possède une touffe d'un
jaune d'or éclatant, un mantelet de longues plumes autour du cou (orangées à
raies bleues), et un dos vert et jaune; les plumes recouvrant ses épaules sont
bleues, celles du bout des ailes, rosées.
Chez toutes les espèces, ce sont toujours les mâles qui
présentent les plus belles couleurs. Les plus grandes espèces dépassent
souvent 1 mètre : le faisan vénéré ou Syrmaticus reevesii atteint
1,50 m, l'argus (Argusianus argus), 1,80 m. Toutes habitent l'Asie, en
particulier la Chine, où on les rencontre par petites troupes dans les forêts
et les taillis, jusqu'à des altitudes très élevées (4 000 m dans
l'Himalaya).
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