Régime de Vichy (1940-1944)

     Au début de la Seconde Guerre mondiale, les troupes allemandes envahissent la moitié du territoire national et le gouvernement français, après avoir signé l'armistice, se replie en zone non-occupée à Vichy. Il y restera de juillet 1940 à août 1944. Paul Reynaud cède la place au vainqueur de Verdun, le maréchal Pétain, qui est investi des pleins pouvoirs par l'Assemblée nationale (10 juillet 1940) et prend le titre de chef de l'Etat français. Pierre Laval est nommé vice-président du Conseil.
    Le régime républicain est aussitôt aboli au nom de la "Révolution nationale" et à la devise républicaine "Liberté, Egalité, Fraternité" se substitue la formule "Travail, Famille, Patrie". Influencé par les éléments les plus réactionnaires des mouvements politiques de droite, se souvenant aussi des fascistes espagnols qu'il avait connus à Burgos, Pétain établit un gouvernement de l'ordre moral et prend des mesures d'exception contre la laïcité, le divorce, etc. La franc-maçonnerie est interdite; les Juifs sont soumis à un statut spécial; des hommes politiques, des fonctionnaires sont internés; les syndicats ouvriers (C.G.T., C.F.T.C.) sont dissous. Le général de Gaulle et les Français qui ont répondu à son appel du 18 juin sont condamnés à mort comme traîtres et déserteurs. Le 24 octobre 1940, la rencontre de Pétain et d'Hitler à Montoire consacre la politique de collaboration avec le régime nazi.
    "La terre, elle, ne ment pas". Le paysan est le meilleur soutien des valeurs traditionnelles que Pétain s'efforce de ressusciter par le thème du "retour à la terre".
    De plus en plus autoritaire et répressif, le gouvernement de Vichy met en accusation les dirigeants politiques et syndicaux de la IIIe République (procès de Riom), livre les Juifs à la Gestapo, pourchassant les "terroristes (les résistants) avec l'aide de la Milice, créant les "sections spéciales" anticommunistes. Il organise la Légion des Volontaires Français (L.V.F.) qui vont combattre dans les armées du IIIe Reich sous l'uniforme allemand. En 1942, c'est le Service du travail obligatoire (S.T.O.); ceux qui se refusent à aller travailler en Allemagne rejoignent les "maquis" et grossissent les forces de la Résistance intérieure.
    Après l'invasion par les Allemands de la zone Sud, (novembre 1942), ne siège plus à Vichy qu'un gouvernement "fantoche" entièrement soumis à l'autorité nazie. Soutenu par d'anciens combattants qu'aveugle le prestige du maréchal, ou par de jeunes exaltés, qui croient à une Europe nouvelle dominée par l'Allemagne, appuyé par les notables conservateurs, les industriels et les banquiers qui hantent les souvenirs du Front Populaire de 1936, le régime perd peu à peu la confiance de nombreux Français. Ceux qui, au début, ont été séduits par quelques lois sociales positives (retraite des vieux travailleurs, politique de soutien familial) commencent à comprendre tout ce qu'a de suranné, de pré-industriel, le système de corporations instauré par la Charte du travail d'octobre 1941. Il n'est plus possible de croire à un double jeu de Pétain à l'égard de l'Allemagne. Malgré la propagande menée par Radio-Paris et la presse parisienne, malgré la censure, la Résistance fait des progrès dans l'opinion. Radio-Londres exhorte chaque jour les indécis, les attentistes, à prendre position contre un gouvernement qui bafoue l'honneur de la France.
    Le débarquement allié de juin 1944 sonne le glas du régime. Ceux-là mêmes qui ont acclamé maintes fois le maréchal Pétain accueillent les libérateurs avec un enthousiasme de commande qui ne peut être que discret. Dans l'indifférence quasi générale, Pétain est emmené par les Allemands (20 août) et transféré à Sigmaringen. Le 6 septembre 1944, le Gouvernement provisoire du général de Gaulle s'installe à Paris. Traduit en Haute Cour, le maréchal Pétain verra sa condamnation à mort commuée en détention perpétuelle à l'île d'Yeu.