La Hanse

     Propriétaire de centaines de navires sillonnant les mers entre Novgorod et Londres, maîtresse de la Baltique, arbitre des puissances du Nord de l'Europe et juge du Danemark, la Hanse teutonique, par son importance même, est un phénomène presque unique en son genre.
    Comme les 70 villes de la Hanse teutonique, Hambourg possédait sa propre flotte - des navires de 30 m de long et de 7 m de large- qui favorisait la prospérité commerciale. Le trafic intense qui régnait dans le port, à l'arrivée des navires chargés de marchandises, est représenté sur cette miniature du XVe siècle.
    Le terme hanse, du haut-allemand hansa (troupe, association), désigne des ligues de marchands qui se sont constituées dès le XIIe siècle pour affronter en commun les risques du commerce. Ainsi sont la hanse des marchands d'eau parisiens dont les membres bénéficiaient d'un monopole de navigation sur la Seine, celle de Londres qui dirigeait l'importation de laines anglaises, ou la hanse des dix-sept villes qui groupait des marchands drapiers des Pays-Bas et du Nord de la France, fréquentant les foires de Champagne.
    Mais c'est la Hanse teutonique qui est passée dans l'Histoire. Face à la faiblesse de leurs partenaires commerciaux et à la démission des princes allemands, certains marchands se constituèrent en une "association de marchands de l'Empire romain fréquentant Gotland". Ayant remarqué les avantages apportés par un tel groupement, les villes de la Basse-Allemagne se réunirent en une Ligue hanséatique de villes. Lübeck et Hambourg conclurent, en 1241, un traité auquel s'adjoignirent très vite Rostock, Stralsund, Wismar et Lünebourg. La Ligue put également atteindre de nombreuses villes, non seulement aux Pays-Bas, dans les Flandres, mais aussi en Suède, en Pologne et en Livonie, favorisant l'œuvre de colonisation et de christianisation dirigée par les Allemands.
    Peu à peu la puissance de la Hanse s'affirme. Jouissant d'un monopole commercial en Baltique, elle impose à Valdemar IV du Danemark des privilèges commerciaux que durent reconnaître à leur tour Flamands, Anglais et Russes. Les Vitalienbrüder, pirates du Nord, sont éliminés et les cogues (kogge), puis les hourques et les caravelles - bientôt près d'un millier-, transportent entre les comptoirs de la Hanse (Novgorod, Bergen, Londres et Bruges) et les villes hanséatiques les fourrures russes, le poisson scandinave, le fer suédois, les draps anglais et flamands.
    Pourtant, la structure de la Ligue est faible. Les décisions de politique économique étaient prises par le Hansetag, assemblée siégeant normalement à Lübeck, où les archives étaient conservées. Agrégat de villes dont le nombre oscille entre 80 et 180, forte de sa seule puissance commerciale et financière, la Hanse bénéficia de l'habile diplomatie de ses membres, en particulier Lübeck, Cologne, Brünswick et Dantzig.
    Au XVIe siècle la puissance de la Ligue diminue. A l'intérieur, les princes allemands avaient accru leur puissance, et les villes qui naissaient sur leurs territoires préféraient leur protection à celle de la Hanse. A l'extérieur, la découverte de l'Amérique avait déplacé l'axe commercial de la Baltique à l'Atlantique; les concurrents anglais, français et hollandais réapparaissaient. Toutefois la Ligue ne fut pas dissoute officiellement.