Histoire du costume

    S'il est vrai que "l'habit de fait pas le moine", il est tout aussi vrai que l'habillement est le reflet des mœurs d'une époque. A travers cet élément apparemment impondérable et indéfinissable qu'est la mode, nous pouvons suivre et comprendre l'évolution de la société humaine. Déjà, Louis XIV déclarait : "La mode habille l'histoire".
    Egyptiens de la haute société. La chaussure est l'attribut des dieux. Seuls, les rois, les pharaons, les empereurs, en portent. La forme courante est une sandale, retenue au pied par des lanières fixées au talon et coulissant dans une boucle retenue contre le gros orteil.
    Les documents les plus anciens que nous possédions sur l'histoire du costume proviennent de l'empereur chinois Houang-ti et de sa femme qui passe pour avoir découvert l'élevage du ver à soie. A la cour, l'habillement des Chinois, généralement une longue robe avec des manches en kimono, représentait l'univers, la partie supérieure, bleu clair, symbolisant le ciel, la partie inférieure, la terre. Planètes et étoiles, dragons et faisans étaient peints sur le haut de l'habit impérial, alors que se détachait sur le bas l'urne sacrée des ancêtres, décorée d'un tigre et d'un singe. L'impératrice portait sur la tête le Fong-hoang, l'oiseau divin, avec une tête de coq, un cou de serpent, le dos d'une tortue et la queue d'un poisson.
    Après les invasions mongoles, les premières utilisations de la fourrure par l'homme fait son apparition et les couleurs se différencient selon les classes sociales. Tandis que le jaune est réservé à la famille impériale, les mandarins se vêtent de violet. Le blanc devient la couleur du deuil.
    Les Chinoises portent de larges robes, à grandes manches faites de soie enrichie d'or et d'argent, avec des voiles légers tissés de petites perles et de filaments d'ivoire. Alors que les dames de haut rang estropient leurs pieds avec la pratique des pieds bandés, les paysannes chaussent des pantoufles ou des sabots aux pointes relevées... Nous sommes encore très loin des classiques pantalons et vestes à col "Mao" en coton bleu qui se retrouvent aujourd'hui dans toute la Chine, aussi bien sur les hommes que sur les femmes.
    Athénienne enveloppée du péplos et jeune homme vêtu de la chlamyde, manteau porté, à l'origine, par les militaires. Les femmes recherchent les effets de couleur, mais à certains mélanges discutables, on décèle la courtisane; ainsi le port d'une ceinture dorée n'est pas de bon ton.
    Voisins des Chinois, les Japonais revêtent une large robe descendant jusqu'aux pieds et deux ou trois vestes ouvertes sur la poitrine, avec de larges manches s'arrêtant au coude. Ils y ajoutent une ceinture et des bas de lin laissant l'orteil libre afin de pouvoir enfiler commodément les sandales tenues par deux courroies de cuir. Les hommes portent au côté la catana, cimeterre peint en noir, alors que les femmes enserrent leur taille avec l'obi, large ceinture. Les cheveux tressés avec des fleurs, des plumes et des perles, jaillissent d'une coiffe de soie noire.
    En Inde, l'habillement diffère selon les régions, les castes, le sexe et les individus. Alors que le brahmane se contente d'une toile blanche enroulée à la taille, les riches utilisent un tissu plus fin (dootée) et jettent sur les épaules le dubgah. Le peuple est vêtu de la même façon, mais avec des tissus de moins bonne qualité comme le romal. Le turban est plat devant et gonflé à l'arrière. Les femmes enveloppent leurs corps dans le sari, une longue toile de coton, de soie ou de mousseline nouée autour de la taille et remontant pour couvrir même la tête. Les veuves ne peuvent utiliser le sari de couleur qui, chez les femmes de basse condition, est toujours de teinte unie.
    La simplicité de la coiffure (cheveux laqués à l'huile de coco) contraste avec l'abondance des bijoux aux poignets et aux chevilles. Sur le menton, à côté du nez ou au milieu du front, une petite étoile ou un disque peint en noir ou en rouge, symbole du "troisième œil", devient vite un artifice de mode.
    A gauche, costumes d'apparat à la cour de Justinien (VIe siècle), d'après les mosaïques byzantines de Ravenne. L'empereur a revêtu un manteau de pourpre, la suivante, une précieuse cape brodée.
A droite, un courtisan sous Louis XIV. Cravaté de dentelle, il porte la "rhingrave", sorte de jupe qui couvre le haut-de-chausses. Sa compagne, coiffée de la fontange, a revêtu ses 3 jupes : la Secrète, la Friponne et la Modeste.

    L'ancienne Egypte se caractérisait par sa simplicité. Un simple pagne de lin pour le pharaon, les prêtres et les puissants, de cuir ou de fibres tressées pour le peuple, mais jamais de laine de mouton, animal considéré comme impur. Sur le pagne, une ou plusieurs jupes transparentes sont retenues à la taille par une ceinture.
    Les femmes s'habillent comme les hommes : tuniques translucides et plissées, manches en chauve-souris, haute ceinture sous les seins et un pectoral (boskh) composé de petites perles multicolores. Toutes les couleurs sont à la mode, sauf le noir, réservé aux perruques, et le rouge, que le pharaon seul peut adopter pour la Couronne du Nord, un de ses attributs royaux. Sur le crâne soigneusement épilé, hommes et femmes utilisent des perruques. Les personnes très élégantes placent sur le sommet de la tête un cône de graisse parfumée qui, en fondant, inonde l'individu de parfums rares et moule les vêtements au corps. La barbe est un signe de deuil mais le pharaon, dans les grandes occasions, en porte une postiche, puisque les dieux sont barbus.
    A gauche : l'habit masculin du XVIIIe siècle, ample sans revers, est porté ouvert sur la veste. Les paniers élargissent la silhouette féminine, et soutiennent des robes surchargées de volants, guirlandes et rubans. Les manches, à mi-bras, laissent échapper un flot de "falbalas" en dentelle.
A droite : le vêtement féminin est inspiré, sous l'Empire, des tuniques antiques : mousselines et gazes drapées, taille haute. Pour les hommes, habit, culotte et haut-de-forme.

    Les Grecs de la période archaïques sont austères dans leur façon de se vêtir. Après, le vêtement deviendra plus léger et s'enrichira de drapés. Le chiton est une tunique de laine ou de lin serrée à la taille par une ceinture. Quand il s'allonge, l'excédent d'étoffe est contenu dans un repli entre deux ceintures, ou porté sur les épaules. Le péplos n'est qu'un chiton allongé. Si les Spartiates restent fidèles au chiton court, les jeunes filles et les danseuses athéniennes le portent jusqu'à la cheville et les femmes mariées jusqu'au talon. Par-dessus on jette une sorte de manteau appelé himation. La chlamyde, pèlerine courte adoptée par les jeunes gens, tient par une agrafe sur l'épaule. Conçu pour laisser une totale liberté du corps, le vêtement grec est sans couture, et peut être enlevé d'un simple geste.
    Sous la Troisième République, nulle élégante ne sort sans sa "tournure", épais rembourrage destiné à rejeter en arrière l'ampleur de la robe. Cet accessoire prend des proportions caricaturales vers 1880 : c'est alors une planche en saillie dans le dos, maintenue en place par des fils de fer et des ressorts d'acier. C'est la tournure "à strapontin".
    Chez les Etrusques, la thébaine, réservée au roi et aux puissants, est un mantelet qui a donné naissance à la toge romaine. Sans préjugés et plus libres que les Grecques et les Romaines, les femmes étrusques affirment leur indépendance en participant à la vie publique et en blondissant leurs cheveux coiffés de milles manières. Abandonnant peu à peu la toge, les femmes suivent désormais la mode grecque.
    Les hommes portent la toge candida s'ils aspirent à des chargent publiques, sordida (sombre) pour le deuil, praetexta avec une bande pourpre s'ils sont prêtres, magistrats ou fils de citoyen libre. La toge picta, c'est-à-dire pourprée et brodée d'or, honore les capitaines vainqueurs alors que la toge palmata, brodée de palmes d'or, est réservée au dux vainqueur. Les clavi, bandes pourpres à jeter sur les épaules, sont un signe de distinction chez les personnalités, les sénateurs et les chevaliers. Les Romains ont une passion pour les bijoux, particulièrement pour les bagues que l'on porte à tous les doigts.
    Succédant à Rome, Byzance est très influencée par l'Orient. Le costume religieux reste sévère avec la dalmatique, tunique introduite de Dalmatie, le pallium romain et la chasuble, dérivée du manteau des voyageurs. Le costume laïc consiste en une tunique aux manches longues et étroites, relevée à la taille, que complète un large manteau maintenu sur l'épaule droite par une boucle précieuse.
    Au Moyen Age, les hommes portent des braies (les pantalons des Gaulois) et une tunique courte serrée à la taille par une ceinture de cuir. Le pallium est remplacé par la cape. La bourse, suspendue à la ceinture, fait son apparition. C'est au Moyen Age que l'habillement commence à se différencier selon les nations. En France, hommes et femmes endossent la chemise, très longue avec des manches. Le surcot est une sorte de large robe, si longue qu'il faut la relever à la ceinture. Si l'excédent de la jupe est laissé libre, il forme la traîne concédée seulement aux dames nobles qui ont aussi le droit de s'habiller en vert. Sur les cheveux, la femme pose la guimpe, voile qui descend pour entourer le cou.
    Vers 1920, les liens entre la mode et les arts plastiques se resserrent. Les créations dépouillées et géométriques du couturier et décorateur Paul Poiret sont en relation avec l'esthétique Liberty, ou Modern style.
    Puis, à l'image de l'architecture gothique, les vêtements tendent à s'allonger, particulièrement chez les femmes : longues robes, hennins (chapeau conique) et chaussures à la poulaine. Tandis que la modestie (tissu de couleur différente de celle de la robe) "corrige" les décolletés trop profonds, vers la fin du XIVe siècle, les femmes inventent les "fenêtres de l'enfer", vêtement de dessus sans manches et tout ouvert de façon à laisser voir la robe de dessous et la ligne du corps. L'éventail et les gants apparaissent à la même époque.
    Lors de la Renaissance, avec l'accroissement de la richesse et l'extension des relations commerciales avec l'Orient, l'habillement devient de plus en plus riche alors que la mode accentue, en les exagérant, les traits caractéristiques du corps. Une nouveauté, les crevés consiste en des fentes découpées dans les manches par où bouffe la chemise. La manche est d'ailleurs attachée à l'habit par des cordons terminés par des ferrets d'argent ou d'or (aiguillettes). La jupe des dames est si large et si longue qu'elle doit être relevée par un crochet, le troussoir. Les jeunes hommes par contre, adoptent le justaucorps rembourré sur la poitrine et de longs bas servant de culotte.
    C'est au XVe siècle que se répand la mode de la chemise de jour, identique pour les hommes et les femmes. Dans les mille et une fantaisies de l'époque, notons le lancement de la chaussure à bout carré, prônée par Charles VIII qui avait six doigts aux pieds, et l'apparition du kilt écossais dans les îles Britanniques, court jupon qui vient aplatir le sporran, bourse pendue à la taille par une chaînette.
    La découverte de nouvelles terres, au XVIe siècle, suscite un renouvellement, avec une pointe d'exotisme. L'Espagne lance la fraise qui s'élargit démesurément. Catherine de Médicis prône les culottes chez les femmes, qui sont adoptées par les grandes dames et les courtisanes. Hommes et femmes rivalisent d'élégance et de luxe. Le vertugadin, sorte de cage formée de cercles cousus directement dans la partie inférieure de la jupe, se répand en Europe, tandis que les couvre-chefs, la barbe, la coiffure et les chaussures changent au gré des fantaisies.
    Avec la montée de la monarchie, les rois commandent de plus en plus la mode. Modeste avec Henri IV, le vêtement redevient élégant avec Louis XIII. La mode des grains de beauté fait son apparition chez les femmes, tandis que les hommes remplacent la fraise par la collerette, col rond en dentelle, pointu sur le devant du justaucorps. Ce dernier sera remplacé par une jaquette souple, fermée à la taille par des brandebourgs ou des boutons. Les culottes arrivent au mollet et sont enfermées dans les bottes d'où sortent les polonaises de dentelle.
    Sous Louis XIV, les hommes remplacent le col rectangulaire par la cravate et appliquent à la culotte un volant de dentelle et des rubans. La mode est de plus en plus raffinée. Les femmes portent alors trois jupes : la fidèle, garnie de broderies et de rubans, la friponne, en tissu d'or ou d'argent brodé, enfin la modeste ou la secrète. La coiffure féminine, hurluberlu ou fontange, commence à s'élever. Vêtus de brocards avec un justaucorps garni de rubans, col de dentelle noué sur la poitrine, perruque haute, les hommes sont très élégants. Le roi, désirant se grandir, lance la mode des chaussures à talons hauts, blancs ou rouges.
    Vers la fin du règne, sous l'influence de Madame de Maintenon, le vêtement revient à la sévérité. Les femmes allongent le corsage, cintré à la taille par des baleines, et réduisent les ornements.
    La Régence marque une réaction contre la pompeuse raideur du style précédent. La contouche est une robe vague, ouverte sur le devant, tandis que les paniers remplacent les vertugadins du XVIe siècle. Les hommes endossent le gilet bicolore, et le col de la chemise se ferme par un jabot.
    Mélange des couleurs, des dessins, des tissus, des longueurs, caractérise la mode actuelle. Voici deux exemples d'éclectisme : une robe légère, taille basse et un maxi-manteau porté sur une mini-robe en jersey.
    Au XVIIIe siècle, les paniers deviennent si larges que les femmes doivent passer les portes de côté. La redingote anglaise traverse la Manche. Avec Marie-Antoinette, la mode est une véritable entreprise d'architecture : amples robes à paniers, coiffures extravagantes représentant des jardins suspendus ou des bateaux (la Belle-Poule), échafaudages instables de postiches, de plumes et de bijoux.
    Mais tout ceci s'effondre avec la Révolution française. Le peuple adopte la carmagnole, veste courte avec des manches et des revers rouges. Les "sans-culottes" portent le pantalon, confectionné dans un tissu rayé et fermé devant par un "pont". Ils coiffent le bonnet phrygien.
    Les muscadins, parfumés au musc, bâton à la main, cheveux poudrés flottants, face-à-main, veste cintrée aux longues basques et pantalon collant, les incroyables à la perruque en "oreilles de chien" et au costume aussi extravagant, et les merveilleuses, "beautés sans chemise", aux robes transparentes à l'antique et aux grandes capotes à brides sur la tête, réagissent avec outrance à la simplicité révolutionnaire.
    Napoléon impose les tissus français : taffetas, satin, crêpe et cachemire. Les robes ont un corsage très décolleté, la taille étant sous les seins. Les manches ballon s'arrêtent au coude ou recouvrent le dos de la main. La robe, drapée derrière, s'allonge en une courte traîne, puis se raccourcit. Un grand manteau de velours brodé d'or ou d'argent, recouvre les robes de brocart ou de satin des dames de la cour. La capeline de paille, coiffée en arrière, retenue par un ruban sous le menton, fait son apparition.
    L'habit de cour masculin est, lui aussi, somptueux : frac de soie avec broderies d'or, culottes serrées sur des bas de soie blanche, épée, tricorne ou toque.
    Les vêtements communs sont composés du frac avec des pans à mi-cuisse, un haut col, des manches longues recouvrant la main, un gilet de velours ou de soie à fleurs, des culottes s'arrêtant au genou ou descendant jusqu'à la cheville. Comme vêtement de dessus, la redingote et le carrick qui arrive au genou, avec un mantelet se boutonnant par-dessus. La taille, chez la femme reprend sa place normale et le décolleté redevient modeste. Les manches sont à gigot (très larges à l'emmanchure). La jupe, à la cheville, s'élargit sur la sous-jupe amidonnée puis sur la crinoline formée d'un cercle de jonc. Sur les épaules, on jette une pèlerine, mantelet avec ou sans manches, un châle drapé, une écharpe de soie, de velours ou de lin, une mantille à l'espagnole ou un boa de plumes d'autruche.
    Les hommes adoptent des tissus à grands carreaux. La veste, ouverte, descend jusqu'à la cuisse, le frac est croisé, la redingote bat les chevilles. Le gilet est précieux (satin, soie, velours). On rembourre les épaules, on serre la taille. La chemise, toujours blanche et souvent plissée, a un haut col à pointes, avec une cravate blanche ou noire. Les pantalons s'allongent et ont un dessous de pied. Le pardessus devient à la mode. Il est doublé de fourrure. Pour complément, le gibus, haut-de-forme que l'on peut aplatir pour le tenir sous le bras. Le melon apparaît. Les pantalons sont à raies ou à carreaux, avec braguette. La veste devient dorsay ou spencer (près du corps), tight ou jaquette (portée avec des pantalons rayés blanc et noir). On commence à porter le smoking. La cravate est "à la russe", "gastronome", "à la carbonaro"...
    Les femmes possèdent à cette époque une garde-robe imposante : longue chemise de lin, culotte aux chevilles, corset et cache-corset, jupon de flanelle, crinoline, trois jupons de percale et, en dernier, la robe avec la tournure ou pouf. Puis Worth invente le tailleur : chemisette blanche ornée de dentelle, corsage séparé, jupe large. Par-dessus, on jette un burnous, en forme de châle, avec capuchon. Les décolletés sont en pointe devant, ras de cou derrière. Pour le soir, la berthe cache la gorge. Les jupes peuvent être relevées pour montrer la sous-jupe et se terminer par une traîne (la balayeuse). Les bas sont noirs, les bottines hautes et boutonnées. Pour se protéger du froid, on porte des manchons et des boas de fourrure. Les chapeaux sont petits, avec des rubans.
    Avec l'avènement du XXe siècle, le modern style triomphe : franges, perles, fleurs, fruits et oiseaux sur les chapeaux. La princesse est une robe à taille basse avec jupe large. Les manches sont larges aux emmanchures, étroites au poignet. Les jupes-culottes sont jugées scandaleuses. Mais on porte aussi des fourreaux longs et étroits avec tunique. Les jupes sont dites entravées, serrées à la cheville. Les hommes adoptent le loden, d'origine autrichienne et le macfarlane noir. La veste est noire et droite. Les pantalons restent rayés ou à carreaux. On coiffe le melon, le canotier, le panama, en paille très fine, ou le feutre noir. La garde-robe quotidienne de l'homme est composée d'un tricot, d'une chemise, de caleçons, de chaussettes tenues aux genoux par des jarretières, de bretelles, d'une cravate, d'une veste, d'un pantalon, d'un paletot ou d'une pelisse, d'un chapeau, de gants et d'une canne.
    On commence à adopter des vêtements spéciaux pour le sport : costume de bain jusqu'au genou, pantalons bouffants pour la bicyclette, maillot pour la gymnastique, knickerbockers pour l'alpinisme.
    Aussitôt après la guerre, les femmes coupent leurs cheveux en signe d'indépendance, jettent le corset aux orties et le remplacent par le porte-jarretelles et le soutien-gorge. Une simple combinaison (en soie) et des culottes très réduites, prélude au slip. La fermeture à glissière tend à supplanter les boutons, et le pyjama la chemise de nuit. La ceinture descend sur les hanches, la jupe se raccourcit au-dessus du genou, les cheveux sont flous, ramenés sur le front. La couleur à la mode est le noir. De nouveau, les jupes s'allongent, la taille revenant à sa place. Le jersey est lancé.
    La Seconde Guerre mondiale remplace le chapeau par le foulard ou le turban, les bas de soie par ceux de laine. Les jupes sont "plissées soleil", les chaussures compensées sur semelles de liège. Christian Dior lance le new-look après la guerre : jupes larges, au mollet, guêpière, chapeau fleuri. Puis la mode change sans cesse (lignes "H", "droite", "A" large en bas, etc.). La jupe cloche, grâce à un jupon empesé, fait fureur. Les chaussures ont un talon aiguille, puis rond, carré, haut, plat, souvent recouvert de strass, etc.
    Les jeunes adoptent les blue-jeans américains et les blousons de cuir noir pendant les années cinquante. A partir de 1960, on assiste à un véritable feu d'artifice : robes de gitanes, à l'indienne, habits métalliques ou futuristes, nude-look, jupe mini, midi ou maxi. Les hommes allongent leur chevelure. La mode tend à devenir unisexe. Chacun l'interprète selon ses goûts, ses moyens, voire ses convictions politiques ou philosophiques. La clientèle des grands couturiers se restreint sans cesse au profit du "prêt-à-porter" qui crée des modèles accessibles à tous.