Bolivie
Superficie
: 1 998 581 km²
Population : 6 000 000 habitants
Capitale : La Paz (700 000 habitants)
Langue : espagnol
Religion : catholicisme
Régime politique : république présidentielle
Unité monétaire : le peso.
Seul Etat d'Amérique latine dépourvu de façade maritime, la
Bolivie, située entre l'Equateur et le tropique du Capricorne, est très
largement marquée, dans ses paysages comme dans la gamme de ses activités
économiques, par la présence massive de la cordillère des Andes.
C'est ici en effet que les Andes atteignent, sinon leurs plus
imposants sommets, du moins leur plus grande largeur. Les Andes boliviennes, qui
correspondent à peu près au tiers du territoire, développent au-delà de 6 000 m
d'altitude des crêtes abruptes localement couronnées d'édifices volcaniques en
pleine activité. Mais, cette ligne de crêtes, adossée à l'ouest aux frontières
péruvienne et équatorienne, est relayée brutalement vers le Levant par un
ensemble de plateaux aux formes majestueuses, l'altiplano, situés à une
altitude moyenne de 4 000 à 5 000 m.
Ces plateaux dont le site d'abri explique l'aridité
climatique générale, contrastent d'autant plus avec la dorsale montagneuse
voisine que cette dernière est largement tapissée de pans forestiers
difficilement pénétrables. Sur l'altiplano, en revanche, domine la
maigre steppe herbacée de puna où ne paissent que quelques rares
troupeaux de lamas et de vigognes. La monotonie de l'altiplano est
cependant interrompue, çà et là, par la présence de petites dépressions salines,
les salares, occupées pour la plupart par des formations lacustres. La
plus grande, le lac Titicaca, situé à 3 812 m, à la frontière du Pérou, est
aussi la plus haute du monde. Les rivages dénudés de cette véritable mer
intérieure, parfois secouée d'étonnantes tempêtes, servent de toile de fond aux
mystérieuses ruines de la cité de Tiahuanaco, érigée par une civilisation
beaucoup plus ancienne que celle des envahisseurs incas.
Marché à Cochamba. Le troc est encore
fréquent : les bergers des hauteurs échangent de la viande séchée, des fromages
et des tissus de laine contre de l'orge et des pommes de terre. Les marchands
les mieux achalandés sont les herboristes, qui occupent généralement une section
spéciale du marché.
L'altiplano reste le domaine des aborigènes amérindiens qui
représentent, aujourd'hui encore, plus de la moitié de la population bolivienne
(contre 32% de métis et quelque 16% de Blancs).
Ces Indiens Aymaras ou Quechuas, descendants directs des
Incas, regroupés en collectivités rurales depuis la réforme agraire de 1953,
s'adonnent à une maigre polyculture de subsistance (orge, pomme de terre, maïs).
Pour la plupart analphabètes, ignorant la langue espagnole officielle, les
Aymaras et les Quechuas subsistent dans des conditions précaires, qu'illustre
notamment un taux de mortalité, surtout infantile, particulièrement élevé. Leur
grand nombre explique en outre la médiocrité du revenu national moyen, le plus
faible du sous-continent.
L'altiplano et ses cordillères se prolongent vers
l'est par de vastes plaines chaudes et humides, irriguées par les principaux
affluents du Paraguay et de l'Amazone, domaine de la forêt tropicale toujours
verte, la montana. Ici, à l'exception des chaudes vallées des
yungas, où l'on cultive le maïs, le café et le coca, domaine d'une
colonisation récente contrôlée en partie par l'Etat bolivien, en partie par les
grandes sociétés internationales comme l' "United Fruit", c'est le quasi désert
humain... sur les deux tiers de la superficie du pays ! On conçoit aisément
l'insuffisance générale des ressources agricoles nationales.
L'Etat bolivien compte surtout sur la présence d'importantes
ressources minières pour élever le niveau de vie et procéder à un véritable
"décollage" économique. Les mines d'or et d'argent, jadis florissantes, qui
assurèrent la renommée et la prospérité de Potosi aux XVIe et XVIIe
siècles, ont perdu beaucoup de leur importance. Or et argent sont largement
relayés, aujourd'hui, par l'exploitation de l'étain qui représente près des 4/5e
des exportations de la nation bolivienne.
Les mines d'étain sont nationalisées depuis deux décennies,
mais les conditions de travail du sous-prolétariat local demeurent ahurissantes
: ces mineurs du Potosi vivent à plus de 4 000 m d'altitude, se rendent à la
mine de nuit, par -20°C de température moyenne, et retrouvent plongés en
quelques minutes dans les profondeurs de la mine, dans une atmosphère torride de
+40°C ! La longévité moyenne du mineur de Potosi, par ailleurs abruti de coca,
ne dépasse pas, en de telles conditions, 28 ans.
Le lama, compagnon du montagnard bolivien, peut porter
jusqu'à 40 kg de charge, mais il se refuse à marcher plus de 25 km par jour.
Ces activités minières contribuent cependant à l'expansion de
villes presque toutes concentrées sur l'altiplano; témoins Cochabamba, Potosi et
Oruro, nées de l'extraction des produits du sous-sol; Sucre, l'ancienne
capitale, hispanique et coloniale; La Paz, capitale réelle du nouvel Etat
bolivien, l'une des métropoles les plus élevées du globe et qui regroupe
aujourd'hui plus de 600 000 âmes.
L'Etat bolivien, amputé de la moitié de son territoire à la
suite des conflits avec le Chili (guerre du Pacifique 1879-1880), avec le Brésil
(1873) et avec le Paraguay (guerre du Chaco en 1932-1935), ressent aujourd'hui
encore douloureusement l'humiliation de ces défaites.
Malgré, ou sans doute à cause de ce contexte, la Bolivie,
fière d'avoir reçu son nom du "Libertador" Simon Bolivar, indépendante depuis le
6 août 1825, n'a pas retrouvé la stabilité politique. L'action récente du
Mouvement Nationaliste Révolutionnaire, très spectaculaire au niveau des
principes - nationalisation des principales compagnies minières, réforme
agraire, suffrage universel, création de milices ouvrières et paysannes - s'est
avérée beaucoup plus limitée dans les faits.
Si le régime dictatorial militaire a été un instant remis en
question par la tentative "castriste" de Che Guevara, il n'a cessé depuis 1964
de s'orienter délibérément vers une politique d'expansion économique intimement
liée aux intérêts des Etats-Unis. Mais il n'a pas, semble-t-il, résolu les
problèmes fondamentaux posés par l'intégration des masses paysannes autochtones
et métisses, par le gonflement accéléré des principaux foyers urbains et par
l'état de sous-développement généralisé de près des trois quarts du territoire.
La Bolivie demeure incontestablement à l'arrière-garde des Etats d'Amérique
latine dans la course à la prospérité.
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