Hans Memling (1435 env.-1494)

 

    Hans Memling, le Rhénan, cherchait une ville et trouva Bruges. Son esprit doux et rêveur s'accorda au charme poétique des canaux, au tranquille mysticisme des béguinages et aux manières polies des bourgeois de cette ville flamande en pleine prospérité. Dans une atmosphère aussi propice, son talent s'épanouit harmonieusement pour donner une œuvre digne de celles des plus grands maîtres de la peinture primitive flamande.
    D'une taille souvent réduite - il faut le regarder de très près pour en apprécier tous les détails - les peintures de Memling étonnent par leur perfection et leur réalisme. Du Diptyque de la Vierge, exposé au musée de Vienne, émane le charme paisible qui caractérise l'œuvre du maître flamand.
    Découvert par la critique du siècle dernier, qui le célébra peut-être un peu trop brillamment, Memling fut considéré comme un digne continuateur de Roger Van der Weyden. Mais la Vierge et l'Enfant, les saints et les donateurs du Brugeois sont bien éloignés des tragiques crucifixions du maître incontesté des Pays-Bas. Ainsi le Saint Sébastien du musée de Bruxelles supporte avec une grâce toute juvénile son martyre. Les personnages de Memling font partie d'une humanité sereine où les expressions calmes et pensives sont éclairées par une lumière douce et diffuse, parfois animée de couleurs brillantes.
    La Madone du Kunsthistorisches Museum de Vienne et le Triptyque de Chatsworth sont imprégnés d'une poésie songeuse et sentimentale présente également dans le symbolique Mariage mystique de sainte Catherine et la maternelle Adoration des Mages, deux triptyques de l'hôpital Saint-Jean de Bruges. Au-delà du cadre architectural, symétrique dans la coupe et élaboré dans ses aspects décoratifs, s'ouvrent des paysages riants qui donnent l'occasion de saisir, avec un réalisme tout flamand, les simples aspects de la vie populaire.
    La décoration de la célèbre Châsse de sainte Ursule, qui illustre le martyre de cette sainte et des onze mille vierges, témoigne de l'habileté d'un peintre enlumineur, également portraitiste remarquable. Ses personnages du Triptyque Moreel (Musée communal, Bruges), ceux du diptyque la Vierge et Martin Van Nieuwenhoven (hôpital Saint-Jean), les portraits d'un Collectionneur de médailles (Anvers), du Dévot aux mains jointes (Mauritshuis, La Haye) ou d'une Femme âgée (Louvre), sont rendus dans un détail minutieux, qui tendait à la perfection formelle.
    Lorsque Memling mourut, entouré de nombreux disciple et honoré par toute la ville, il était inscrit sur les registres de Bruges parmi les bourgeois qui payaient le plus d'impôts !


Dernière Modification   04/01/17

© Histoire de France 1996