La machine à voyager dans le temps

Il est difficile de rester raisonnable quand on s'attaque au mystère du Temps. Quelqu'un a dit : le Temps c'est Dieu, car il est infini, éternel, inconnaissable et tout-puissant. Les dimensions, les notions, tout ce qui est matériel et tout ce qui ne l'est pas, tout peut disparaître, sauf le Temps qui défie le néant lui-même. Le Temps bleu ou noir, indestructible et patient, tissé de silence et d'inaccessibilité, indomptable. Dans le domaine scientifique, le Temps est une inconnue qu'on interprète et accommode avec toujours, en fin de compte, une erreur inévitable. Nous ne savons absolument pas en quelle année nous vivons. 19XX-19YY-19ZZ sont des approximations appuyées sur une incertitude majeure : la date de naissance du Christ. On raconte une anecdote curieuse dont le Temps, le Diable et un alchimiste sont les héros. L'alchimiste, pour avoir le secret de la transmutation, avait signé un pacte avec Satan le 5 octobre, fête de saint François d'Assise, en l'an de grâce 1573. Il s'agissait d'un bail 3-6-9 (1) que le preneur signa avec son sang, s'engageant à donner son âme à l'expiration, soit au bout de neuf années,  jour pour jour. Il avait la possibilité de le résilier tous les trois ans, mais le diable savait à qui il avait affaire. Il n'était pas inquiet. La première année, il donna le secret de l'or et l'alchimiste devint très riche; la troisième année, il donna le secret de la puissance et l'alchimiste devint un personnage considérable; la sixième année, pour éviter la résiliation il donna le secret de jouvence et l'alchimiste cessa de vieillir. Mais arriva la neuvième année, et le Diable, le 4 octobre, tard dans la soirée, vint frapper à la porte du prédestiné à l'enfer. Des laquais lui ouvrirent et le précédèrent dans une somptueuse salle de festin où deux couverts étaient mis plats d'or et gobelets de vermeil, vins de France et mets succulents, fruits à point et desserts des îles. Or ça, dit le Diable, j'imagine, mon compère, que tu veux quitter ce monde en grande liesse ? Je vous attendais, messire Satan, et vous prie à souper en ma compagnie, s'il vous plaît Il n'était guère que 10 heures après le couvre-feu et le Diable se dit qu'il lui serait agréable de festoyer en attendant de prendre sa livraison, à minuit. Il s'assit donc devant l'alchimiste et lui fit raison, jetant de temps à autre un regard vers la pendule car rien n'est si cher au cœur d'un diable que la possession d'une âme de chrétien. Enfin, les aiguilles marquèrent minuit moins deux minutes et Satan ne put se contenir. Mon compère, il faut te préparer à me suivre. Dans deux minutes révolues nous serons au jour de demain. Ce qui a été conclu a été conclu C'est-à-dire ? demanda l'alchimiste. C'est-à-dire, que le 5 octobre 1573, tu as signé un pacte avec moi, me donnant ton âme neuf ans après jour pour jour. Un pacte est un pacte, nul ne saurait y contrevenir Et quand donc devrai-je vous donner mon âme, messire Satan? Le 5 octobre... soit dans une minute trente secondes exactement. Est-ce donc si pressé, messire Satan ? Le pacte dit le 5 octobre et non un autre Jour. Donc... dans une minute maintenant. Vous dites bien le 5 octobre? Oui, je dis le 5 octobre... Ni le 4, ni le 6, mais le 5 et je vais me servir. Une seconde, s'il vous plaît, messire. Ayant dit, l'Alchimiste frappa dans ses mains et deux Frères lais pénétrèrent dans la pièce. Tu es perdu, compère, ricana le Diable. Les Frères lais n'y peuvent rien, ce qui est signé est signé et... La pendule égrena les douze coups de minuit dans un silence solennel et le Démon poursuivit Nous sommes maintenant le 5 octobre, ton âme est à moi ! Erreur ! s'écria le prétendu damné. Erreur, messire Satan ! Demandez plutôt à ces Frères ! Ils doivent dire la vérité et, Si nous sommes le 5 octobre, je vous devrai mon âme Eh bien, dit Satan s'adressant aux Frères, quel jour sommes-nous? Ce jour d'huy est le 15 octobre de l'an de grâce on peut le dire - 1582, par décision de Sa Sainteté Grégoire XIII qui vient de réformer le calendrier Julien. Dans tous les états catholiques du monde, ce jour est le 15 octobre Vous le jurez? demanda Satan. Nous le jurons devant Dieu, dirent les Frères lais. Il y eut un grand tourbillon de flammes et de fumée. une nauséabonde odeur de soufre et le Diable disparut. C'était vrai : le 5 octobre 1582, le Temps avait fait un saut de chat pour remettre en place l'équinoxe du printemps, qui avait rétrogradé de dix jours par la faute du calendrier de Jules César. Et le Pape avait ordonné que ce 5 octobre deviendrait le 15. L'alchimiste, lui, s'appelait le comte de Saint-Germain. Ce jour-là encore, 15 octobre 1582, au juste milieu de la nuit, la Lune envoya sur la flèche de la cathédrale de Paris, à 300 000 km/seconde, des rayons de lumière qui mirent 10 jours et 1 seconde 1/3 pour parvenir à destination. Et voilà comment, pour la première fois dans l'Histoire, les hommes firent un Voyage dans le Temps vers le Futur - brûlant de vitesse, en moins d'une seconde, les 240 heures d'une décade. Le Voyage dans le Temps appartient à certaines nécessités mythiques comme l'amour, le rêve, le désir de voler dans l'espace, de gouverner le monde, de punir les méchants et de récompenser les bons. De tous ces vieux désirs, il est le plus tenace et le mieux ancré car dans tous les temps, passés, présents et futurs, il n'y eut, il n'est et il ne sera jamais un homme n'aspirant à un retour sur la chaîne de vie. Redevenir jeune, revenir seulement une heure, une minute en arrière, miracle auquel s'accroche le malheureux qui tombe dans un précipice, qui voit bondir sur lui l'auto meurtrière ou s'écrouler, frappé à mort, l'ami qu'il aurait pu sauver. Le Voyage dans le Temps est possible, mais, et c'est là ce qui prouve son caractère absolument exceptionnel, il est possible pratiquement et impossible en théorie. Par le cinéma, par le disque, par la pensée, par le rêve, l'homme peut, sinon se projeter dans le futur, du moins se retrouver ou cheminer dans le passé. Ce ne sont là que des évasions spirituelles ou sensorielles auxquelles notre corps ne participe pas. Le rêve seul offre l'illusion du voyage réel, avec sensations physiques parfaitement imitées (et souvent parfaitement réelles) la rose émet son parfum, le coup de canon est assourdissant, le café est amer ou délicieux, la femme que l'on admire est adorablement belle, la volupté que l'on ressent est matériellement vraie. Notre subconscient connaît donc un mécanisme scientifique pour se déplacer dans le Temps alors que la science expérimentale, à l'état de veille, ne connaît qu'un autre mécanisme, loin d'être aussi dynamique. Mais le mécanisme du subconscient, le Voyage dans le temps du rêve, ne peut être accompli sur commande, il est fortuit. Il n'est aussi qu'une illusion et ne ressuscite la vérité du Passé que par des fantasmes et des apparences. Dans le rêve, tout est faux, arbitraire, mesures de distances, temps, opacité, pesanteur, sens logique. Trois vérités seulement sont absolues le rire, les larmes, la jouissance (2), et c'est pourquoi le rêve est malgré tout imparfait et que la nécessité du voyage dans le Temps à l'état de veille a toujours hanté les hommes. Parcourir la chaine du Temps présente pour le moment de grandes impossibilités techniques et aussi des impossibilités théoriques dont même les auteurs de science-fiction n'ont pu venir à bout. La science cependant résoudra ce problème - peut-être l'a-t-elle résolu autrefois puisque déjà la contraction du temps par la vitesse permet d'échafauder des hypothèses de moins en moins invraisemblables. Le Voyage dans le Temps n'est pas lié seulement à la curiosité des hommes, il se rattache à la conquête spatiale. L'étoile la plus proche de la Terre, Alpha du Centaure, est en effet à 4,5 années-lumière, ce qui, à la vitesse de 36 000 km/heure représente déjà un voyage de 130 000 ans (2 600 ans à 1800000 km/heure). Soit une impossibilité pratique. Pourtant, il semble que les astronautes des Soucoupes Volantes, s'ils existent, aient trouvé la solution du problème, soit en contractant le temps, soit en contractant l'espace. Actuellement, aucune donnée scientifique ne permet d'imaginer une telle hypothèse, mais nous avons la prémonition, la certitude même que le Temps et l'Espace du voyage seront un jour vaincus et que les hommes sauront aller en une fraction de seconde jusqu'aux lointaines frontières du Cosmos. Peut-être par une opération mathématique, peut-être par désintégration, réintégration et transmission de la personnalité à la vitesse de la pensée, qui est infiniment plus grande que celle de la lumière, c'est-à-dire à la vitesse zéro.

L'ingénieur Émile Drouet

En attendant cette lointaine échéance un seul essai sérieux a été tenté, par un Français, l'ingénieur astronome Émile Drouet. Pendant des années à dater de 1946 nous avons participé avec une chimiste, Mlle Lucile Berthelot (parente de Marcelin Berthelot), et un lieutenant de l'Armée de l'Air, aux travaux d'Émile Drouet. Un tableau synoptique accroché au mur de notre studio nous rappelait les premières bases de départ

Vitesse Zéro = éternité
300 000 + x = passé
Zéro - x = futur

Très vite, le problème de 300 000 + x s'était changé en absurdité apparente. Imaginons un canon braqué sur notre poitrine. On introduit dans le canon un obus qui va être (c'est toujours l'hypothèse) propulsé à une vitesse de plus de 300 000 km/seconde. Que va-t-il se passer ? Allons-nous être transpercé, volatilisé, désintégré ? Non.  Dépassant la vitesse de la lumière, l'obus va retourner dans le Passé, c'est-à-dire qu'il retournera dans la main du servant, dans l'obusier, dans l'arsenal, dans l'usine, dans la mine. Il ne sortira jamais de la volée (le tube) et nous serons sain et sauf. Mais comment concevoir ce départ de l'obus à 300 000 km/seconde ? En "réalité théorique",  les choses ne se passent pas ainsi, mais de toute façon il était techniquement impossible, de 1946 à 1951, d imaginer un solide atteignant ou dépassant la vitesse de la lumière. Et plus impossible encore si l'on peut dire d'aller à la vitesse zéro et plus lentement que le zéro à l'heure. Voici comment Emile Drouet établit d'abord son projet et ensuite une maquette. En bref, la Terre tourne sur elle-même et autour du Soleil. L'ensemble tourne en spirale dans le Cosmos à destination de l'Amas d'Hercule où notre galaxie ira s'abîmer dans X millions ou milliards d'années. (Voir la carte explicative du Voyage dans le Temps; 3° page du 2° cahier de hors-texte.) En synthétisant à l'extrême, la Terre s'achemine de la Nébuleuse originelle à l'Amas d'Hercule. Le temps, bien entendu, est immuable (3) et c'est nous qui passons, nous, le globe, les montagnes, les océans, les cités, les maisons, les hommes, comme si, sur une chaîne vibratoire, une succession d'images naissaient et mouraient sans relâche. Cette chaîne vibratoire, infinie, paraît couler comme un paysage vu d'un train alors que seul le voyageur, en réalité se déplace. Sur le trajet Nébuleuse-amas d'Hercule, autrement dit Ponex-Apex, la Terre se situe par exemple au chiffre de l'année 1000 pour le siècle de la Grande Peur, 1789 pour la Révolution, 1914 pour la Grande Guerre. Admettons que nous entreprenions de voyager dans le Passé jusqu'à l'an mille. Que va-t-il se passer ? Nous devons quitter notre XXè siècle à bord d'une fusée spatiale très rapide, perpendiculairement au plan de l'écliptique en direction du Ponex jusqu'au point théorique où se trouvait la Terre de l'an mille. Mais nous ne la verrons point. En effet, nous sommes accordés sur une longueur d'onde-temps en perpétuelle croissance et nous ne percevons que les êtres et les objets accordés à cette longueur d'onde. Par exemple, l'homme H=29-I-19XY-23h52'24''18/100°  ne peut s'intégrer que dans l'univers temps de même valeur. Et il change d'univers continuellement à un certain rythme inconnu de périodes-seconde (1/15 pour la perception rétinienne) qui le fait mourir X fois par seconde et ressusciter autant de fois. Cela s'appelle vieillir. Donc, nous sommes dans le Ponex, aux portes de l'an mille dont il faut accrocher la longueur d'onde-temps. Un second vaisseau spatial qui a suivi le nôtre possède à son bord un radar à modulation de fréquence qui nous met en accord avec cette longueur d'onde-temps de l'an mille (ou avec une harmonique). Immédiatement. nous quittons notre XXè siècle, nous le perdons de vue et nous apercevons le royaume français du roi Robert le Pieux où notre fusée, qui a subi la même transformation que nous, peut se poser. Voilà le premier stade du Voyage dans le Temps, expliqué de façon quelque peu romanesque, car les dossiers de l'ingénieur Drouet ne s'adressent pas à un large public L'appareil est libéré, sur place, de la pesanteur par une double rotation engendrant l'accélération centrifuge composée de l'effet de Coriolis, laquelle est perpendiculaire aux axes horizontaux d'une batterie de gyroscopes disposés à l'intérieur. Il faut, mais il suffit que cette force centrifuge soit égale à la pesanteur =  1G. Condition réalisable par application de la formule : Jc= m(2 c'>r Sm a Vr)2R   dans laquelle Jc est l'accélération composée, m la masse des corps soit P = 0'1 tandis que 2 oméga r exprime la vitesse angulaire de rotation du corps, d'où l'on déduit.  Ce court extrait n'est que la préfiguration la plus sommaire d'un exposé qui recouvre 200 pages de papier quadrillé ! Ce voyage dans le Passé était un voyage sans retour. Le projet définitif prévoyait un Tore astronautique, ancêtre et père des Soucoupes Volantes, déjà réalisé en maquette en 1946, comme en témoignent plusieurs journaux (4). Ce Tore, propulsé de l'équateur par la force centrifuge de la Terre, était un engin parfaitement réalisable, infiniment plus rationnel, plus " intelligent ", plus scientifique que les Spoutniks russes et les fusées américaines. A bord du Tore d'Émile Drouet, se trouvait le radar à modulation de fréquence qui faisait corps avec l'engin et s'accordait avec lui, permettant des raids vers l'Apex ou le Ponex sans nécessité de revenir à une base. La seule base fixe, obligatoire, figée dans le Temps et dans le Cosmos était l'énergie du vide - comme dans l'agravitation qui existait aussi bien en l'an + 1000 qu'en l'an 250 000. Nous vous ferons grâce des détails techniques, qui furent étudiés par James Forrestal, pour un projet de satellite terrestre américain, et par le Centre de Recherches Scientifiques de Meudon. On réalisera l'importance de la découverte de l'ingénieur Drouet en sachant que son Tore astronautique de 200 mètres de diamètre (là se trouvait peut-être l'écueil, encore que la résistance des matériaux eût été sévèrement calculée), ce Tore donc, pourvu de gyroscopes, tournait sur un lac équatorial et était propulsé par la force centrifuge terrestre à la vitesse initiale de 108 000 km/heure, sans accélération. Ces 108 000 km/heure sont exactement la vitesse de rotation de la Terre autour du Soleil. Nous nous en accommodons fort bien. Ainsi se trouvait résolu, théoriquement, le problème du Voyage dans le temps. Le milliardaire Williamson, roi du diamant, fut contacté pour la réalisation du projet Drouet. Son coût, en 1946, était de 2 milliards de francs et, il faut bien le reconnaître, avec des risques immenses d'échec qui effrayèrent M. Williamson. Une telle entreprise ne pouvait être envisagée qu'à l'échelle d'une grande nation.

La victoire de Waterloo

La victoire de Waterloo. La maquette du Tore Astronautique ne connut qu'une heure de gloire : sur le plan d'eau d'une sablière à Vigneux-sur-Seine, à l'intention des photographes. A vrai dire, cette solution du Voyage dans le Temps laissait subsister de nombreux points obscurs. Revenons à notre hypothèse les Voyageurs du Temps vont sur la Terre de 1815, à Waterloo, guident Grouchy vers le champ de bataille, déroutent Blücher et donnent la victoire à Napoléon. Allons plus loin : nos Voyageurs vont en l'an 1769 et assassinent Bonaparte enfant Napoléon n'existera jamais. Comment concilier l'inconciliable, ce qui fut avec ce qui ne fut pas ? Napoléon victorieux alors qu'il fut battu? L'ingénieur Drouet ne voulait pas entendre parler de cette évidente absurdité et se cantonnait dans son rôle d'ingénieur astronome.  Vous me parlez philosophie, disait-il, et je ne suis pas un philosophe. Si bien que pour demeurer dans la logique et pousser jusqu'au bout l'expérience, nous dûmes échafauder une théorie fascinante les harmoniques de la chaîne vibratoire de vie. L'histoire des hommes, la vie des hommes se déroulerait sur une chaîne vibratoire de vie ou chaîne principale. Sur cette chaîne,  pour prendre le cas de Napoléon,   nous trouvons le coup d'État du 18 Brumaire, Bonaparte Ier Consul, couronné empereur, la victoire d'Austerlitz, l'abdication de 1814, Waterloo en 1815,  la mort à Sainte-Hélène en 1821. Rappelons-nous les anciens postes de radio, ceux de 1927   si peu sélectifs que l'on prenait une émission à la fois sur la longueur d'onde 522 mètres, et sur toutes les harmoniques de 522 : soit 696 mètres 870 mètres 1044 mètres, etc. On pouvait, en se branchant sur 1044 mètres, entendre en même temps un poème sur 1044 mètres, de la musique espagnole sur 870 mètres et une chanteuse d'opéra sur 522 mètres. Cependant, à puissance égale d'émission, c'est le poème qui dominait les autres perceptions, musique et chant ne formant en somme qu'un fond sonore. Or, c'est ce qui se produit avec les vibrations  : Elles ont toutes des harmoniques et la Chaîne de Vie a des harmoniques où Napoléon naît, gagne des batailles, en perd d'autres et meurt à Sainte-Hélène. Que les Voyageurs se déplacent dans le Temps, et ils atterriront mathématiquement sur un des harmoniques, lesquels sont en nombre infini. Sur cet harmonique, tout s'est passé comme sur la chaîne principale, mais en pointillé si l'on peut dire, ou encore de manière révocable, car il ne s'agit en fait que d'une induction. si l'on fait passer un courant propre à cet harmonique, c'est ce courant qui l'emportera. Sur l'harmonique n° i, les Voyageurs du Temps pourront donc faire gagner Napoléon à Waterloo et, en 1821, il sera le Maître du Monde. Sur un harmonique n° 2, Bonaparte manquera son coup d'État, sera condamné à mort, gracié, envoyé en exil. Sur un harmonique n° 3, il échouera encore le 18 Brumaire, prendra la fuite et finira sa vie dans un monastère. Sur un harmonique n° 4, les Voyageurs ont apporté un virus grippal avec eux et Bonaparte meurt à 8 ans, Napoléon n'existera jamais. Voilà peut-être résolu un problème qui arrête tous les théoriciens : retourner dans le Temps, modifier le déroulement de l'Histoire et pourtant conserver la vérité historique vécue. Là encore, les dossiers de l'ingénieur Drouet et nos propres notes n'empruntent pas exactement tant s'en faut au vocabulaire de ce livre. Il était question de vérité absolue, de vérités relatives et de vérités en projection."Admettons, écrivait l'ingénieur astronome, la simultanéité des contraires et le principe des harmoniques de la chaîne de Vie, perceptibles dans l'astral sur l'écran d'un  radar à modulation de fréquence... " Le Voyage dans le Temps Passé et Futur  selon le projet Émile Drouet, se composait d'une première partie techniquement réalisable (ou qui le sera dans un proche avenir) : le voyage vers le ponex et vers l'apex avec le Tore astronautique. D'une seconde partie incertaine : l'accord avec le radar à modulation de fréquence. D'une troisième partie hypothétique la théorie des harmoniques. D'aucuns jugeront que ce Voyage dans le Temps relève uniquement de la science-fiction. C'est partiellement vrai, pourtant le Tore astronautique d'Émile Drouet nous paraît plus scientifiquement valable que les fusées des Américains et des Russes. C'est un principe analogue qui, un jour, détrônera le système boulet de canon et alors peut-être songera-t-on à étudier et à mettre au point un accordeur d'ondes-temps. Et Si déjà des Voyageurs du Temps étaient parmi nous s'ils se cachaient à l'intérieur du mont Shasta ? Il est curieux de signaler, ne fût-ce que pour les archives des temps à venir, que des théoriciens avancent cette hypothèse : On peut admettre que dans plusieurs siècles, voire même dans plusieurs millénaires, le Voyage dans le Temps sera une réalité et une possibilité pratique (5). Or, Si par exemple, en l'an 5 000 des hommes peuvent remonter le Passé ou parcourir le Futur, il devient vraisemblable de penser qu'ils ont eu le désir ou la curiosité de s'intégrer à notre époque. Les Soucoupes Volantes sont peut-être le mode de locomotion de ces pirates du Temps ? Nos savants, les magnats du capitalisme, du marxisme et de toute puissance sociale ou politique, sont peut-être des Voyageurs du Temps. Ils agiraient soit dans des buts lucratifs, soit comme conducteurs éclairés. Comment le savoir ? Semblables à Moïse, à Gerbert, à Jechiélé, à tous les grands initiés de l'histoire (qui étaient peut-être des hommes des années 5 000, 10 000 ou 100 000 après JC )  ils tiendraient secret leur caractère, leur nature, leurs connaissances supérieures en biologie et en physique transcendante, connaissances leur permettant d'usurper par induction psychique (en habitant l'intellect conscient ou le subconscient) la personnalité  propre de Nixon et de Mao. A l'insu, bien entendu, des êtres dont ils violent le " moi " et dirigent l'action. De toute façon, induction ou incarnation, leur identité physique serait indécelable. Le Voyage dans le Temps, réalité de demain, nous donne la certitude que les voyageurs du futur sont parmi nous. S'identifiant à la Conquête du Cosmos, le Voyage dans le Temps, aussi longtemps qu'il ne sera pas résolu, constituera le Mur de la Défense que des forces supérieures semblent avoir édifié entre l'homme et les connaissances sacrilèges. Mais l'homme n'a peur de rien, pas même de son destin tragique, et même s'il doit perdre une seconde fois sa part de Paradis, il forcera la porte interdite.

(1)   Ancien bail toujours en vigueur, fait pour neuf ans, mais qui peut être résilié par les parties prenantes tous les trois ans.
(2)   Il est d'autres vérités absolue, mais déterminées par le comportement physiologique " éveillé ". Le rire, les larmes, la volupté ont des résultantes physiques provoquées uniquement par l'émotion du rêve. Ce qui tendrait à prouver une sorte de connivence entre l'état de veille et l'état de rêve.
(3)   Pour Dieu éternel tous les temps sont présents. On ne saurait admettre 1'Eternité Si on lui  fixe un commencement et une fin, un Passé et un Futur.
(4)   Dont Jeudi-magazine, n~ 19, du 10-10-46.
(5)   Notes sur le Voyage dans le Temps, manuscrit non publié d'Émile Drouet. A signaler qu'en 1962, l'astronome. russe Kozyrev a écrit que " la technique humaine permettrait bientôt de manipuler le Temps ".

Cette page est extraite des oeuvres de Monsieur Robert Charroux. Tous les textes présents dans cette rubrique sont retranscrits intégralement. Ils ne souffrent aucun résumé et méritent d'être reproduits dans leur intégralité. Ce n'est pas du plagiat, mais une reconnaissance et un hommage envers un auteur courageux, hélas disparu, qui a su braver le scientifiquement correct.  La page source vous indique le moyen d'acquérir ses ouvrages


Dernière Modification   05/05/18

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